Pour vivre heureux, doit-on vivre rangé ? Une dernière saison de Queer as Folk qui nous interroge…
Queer as Folk, Saison5
Série créée par Ron Cowen, Daniel Lipman avec Gale Harold, Hal Sparks, Robert Gant, Sharon Gless, Randy Harrison, Scott Lowell, Michelle Clunie, Thea Gill, Peter Paige, Jack Wetherall
Sortie en 2005
Durée : 604 min. en 13 épisodes
Résumé :
Quelle est la décision de Justin, Hollywood ou emménager avec Brian ? Que va devenir le couple de Lindsay et Mélanie, notamment avec la charmante petite fille née en fin de saison 4 ? Quel genre de père va être Michael ? Hunter va-t’il réussir à se faire ré-accepter par son (ex-)petit-amie ? Et que vont devenir les amours d’Emmet et son footballeur dans le placard, Ted, Debbie et son inspecteur de police ? Et surtout quel sera le final de cette série qui nous as accompagnée pendant 5 ans et quelques mois depuis les sorties DVD ?
Notre avis :
Voilà c’est finit, la dernière saison de Queer as Folk est enfin sortie en DVD, quelques dernières heures de bonheur à visualiser une saison encore une fois riche en événements, en sentiments : bonheur et horreur, joies et peines…
La précédente saison nous avait fait parcourir un chemin à travers la violence, la mort pour terminer par un hymne à la vie à travers la naissance de la fille de Michael et Mélanie. Cette saison nous interroge sur nos aspirations modernes : le mariage, la parentalité. Après des revendications pour avoir le droit d’exister, le nouveau combat semble être plutôt pour le droit à l’indifférence.
Pour vivre heureux vivons rangés, tels des clones hétéros, comme le fait justement remarqué Brian ?
- Mélanie et Lindsay se séparent, divorcent, se disputent et s’arrachent leurs enfants comme on peut malheureusement le voir dans la plupart des divorces des couples hétéros.
- Ben et Michael emménage en banlieue, tel des Desperate Househusband et organisent de petits diners entre couples homos bien sous tout rapport, pendant qu’Hunter doit faire face à la peur et le rejet de ses camarades de lycée après avoir été dénoncé par les parents de son ancienne petit-amie.
- Emmet joue au petit pédé asexué, » eunuque » selon Brian, dans un journal télévisé d’une chaîne du câble en tant qu’expert gay, et tels les 5 queers de » Queer Eye » donnent de petit conseil déco et beauté. Le jour où il aborde un tant soit peu sa sexualité, il a droit a des menaces de perdre son poste.
Après la sortie du placard, le nouveau modèle serait-il de se fondre dans la masse ? On retrouve alors dans la série le climat qui règne aux Etats-Unis et dans le reste du monde : un retour à l’ordre moral.
Après des années de luttes, de rébellion, les homos et lesbiennes, figures de prou avant-gardiste, grand pécheurs devant l’éternel, spécialistes de la transgression, seraient-ils en train de rechercher la » normalité « . Normalité par rapport au reste du monde, mais aussi à l’intérieur de la communauté : Drew doit faire son coming-out et devenir le héros de la cause gay en tant que symbole masculin et viril, Ted se fait opérer pour rejoindre les canons de la beauté gay. Oubliés les trans, les bears, le nouveau modèle gay est le couple de beaux gosses trentenaires avec enfants.
L’apogée de ce modèle se trouve présentée lors de la réunion de constitution de la défense des homos autour de la député contre la proposition 14 : cachez moi ses folles, travestis et cuirs que l’on ne saurait voir, ne montrons que les petites couples bien rangés …
Le manoir acheté par Brian et sa demande en mariage fait craindre le pire, même Brian en devient convaincu ?
Mais tout ça n’est qu’illusion, la communauté LGBT n’est pas une et stéréotypée, il y a quelques années on ne voyait que des trans et de grandes folles efféminés, aujourd’hui on ne voudrait voir que ceux qui sont bien rangés. Et quand bien même, on voudrait tenter de se ranger, les intégristes homophobes seront toujours là pour nous rappeler que peu importe notre apparence, notre mode de vie : ils ne supportent pas notre différence, nos amours. L’explosion du Babylone dans son horreur est le pivot de cette prise de conscience dans le milieu et dans la bande.
Le discours de Michael sera d’ailleurs un modèle du genre, et résume pour nous à lui seule les 5 saisons de cette superbe série : nous voulons les mêmes droits que tout citoyen du monde, mais nous ne voulons pas être comme tout le monde.
Nous sommes tous différents, homos ou hétéros, hyper virils ou super efféminés, musclé ou dodus, grand ou petit, célibataire ou en couple, mais une chose nous rapproche tous : notre envie d’aimer et d’être aimés.
Alors avis à tous les » hors milieux « , » efféminés, gros ou poilus s’abstenir « , n’oubliez pas que la tolérance commence devant notre porte, et si nous voulons que la société évolue pour que nous soyons acceptés, il faudrait oublier un peu notre coté superficiel et accepter l’autre dans toute sa richesse et sa différence.
Merci à Queer as Folk de nous l’avoir rappelé, une merveilleuse façon de terminer une série absolument FABULEUSE !!!
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